Les inégalités sexistes en santé
- valerieloisel
- 13 août
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Le 8 mars 2025, Journée internationale des droits des femmes, la Fédération Hospitalière de France (FHF) a dévoilé une enquête menée avec Ipsos, révélant l’ampleur des inégalités dans la santé des femmes.
Retards de diagnostics, douleurs ignorées, pressions médicales injustifiées : les biais sexistes pèsent lourdement sur les parcours de soins féminins.
1- Inégalités structurelles : une médecine pensée pour les hommes
Le rapport dénonce un héritage médical fondé et développée à partir de normes masculines, négligeant les spécificités biologiques, hormonales et symptomatiques des femmes. Cette lacune se traduit aujourd’hui par des écarts dans les soins.
Par exemple, les maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité chez les femmes, sont souvent diagnostiquées trop tardivement. Selon l’Académie de médecine, les femmes subissent des retards de prise en charge trois fois plus fréquents que les hommes en cas d’infarctus. Aux urgences, leurs douleurs abdominales sont souvent attribuées à des causes psychosomatiques ou gynécologiques, repoussant des diagnostics graves comme l’appendicite ou les calculs rénaux.
2- Inégalités dans le parcours de soins
L’enquête Ipsos révèle une série de faits préoccupants concernant les interactions entre les femmes et les professionnels de santé :
51 % des femmes interrogées affirment que leurs douleurs ou symptômes ont été au moins une fois minimisés parce qu’elles sont des femmes.
42 % déclarent avoir vu leurs symptômes attribués à des causes hormonales ou psychologiques sans investigations sérieuses.
34 % ont reçu des remarques inappropriées sur leur physique ou leur vie personnelle de la part de soignants.`
1 femme sur 5 (20 %) évoque avoir subi une pression pour des interventions non désirées, notamment en lien avec la contraception ou la grossesse.
Ces inégalités touchent plus durement encore les femmes de moins de 35 ans et celles souffrant de troubles de santé mentale : 64 % des moins de 35 ans et 69 % des patientes avec des antécédents de santé mentale déclarent que leurs symptômes ont été minimisés.
3- Inégalités au sein de l'entourage
Les biais sexistes ne se limitent pas à l’hôpital : ils s’étendent au cercle familial et amical. Le sondage révèle que :
38 % des femmes ont vu leurs douleurs banalisées comme étant « normales » pour une femme.
37 % ont subi la remise en question de leur propre jugement concernant leur santé.
32 % n’ont pas reçu le soutien nécessaire dans leurs démarches de soins.
Encore une fois, les jeunes femmes apparaissent plus exposées : 58 % des moins de 35 ans déclarent avoir été confrontées à cette banalisation, et 42 % à des remarques déplacées sur leur corps.
Cette pression sociale entraîne une forme d’autocensure : près d’une femme sur deux
(49 %) reconnaît avoir déjà sous-estimé sa douleur.
Face à ces constats, la FHF appelle à une transformation profonde du système de santé. En janvier 2025, elle a publié un manifeste dans Le Monde réclamant :
Une meilleure prise en compte des spécificités féminines dans les protocoles médicaux.
Un renforcement du dépistage des maladies gynécologiques et cardiovasculaires.
Une sensibilisation systémique des professionnels de santé aux biais de genre.
« La persistance d’inégalités sexistes dans les prises en charge est non seulement un enjeu de droits mais aussi une question de santé publique. »
Zaynab Riet, déléguée générale de la FHF.
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